Aux Fontaines à Adriers, le nom des Berthomier est quasiment imprégné dans la terre. Depuis la fin du 19e, les générations se sont succédé sur la ferme. Aujourd’hui Damien et son père André, réunis en GAEC, sont à la tête d’un cheptel de 50 vaches et 300 brebis, sur 130 ha, avec en ligne de mire, une labellisation bio.

Interview et portrait réalisés par Laetitia Sardet
Photos : Mila Weissweiler

André se doutait bien qu’un jour Damien s’installerait comme exploitant agricole. «  L’histoire se répète. En 1976, j’ai pris en fermage 30 ha de terres et travaillé avec mon père René qui en avait déjà une cinquantaine. Nous avons agrandi l’exploitation jusqu’à 100 ha. En 2010, c’est Damien qui apporte 30 ha supplémentaires. Ensemble nous montons un nouveau GAEC ». Mais si le processus est le même, les procédés, eux, ont changé. La production bovine et ovine est certes une tradition familiale mais le métier de paysan a évolué. André Berthommier s’en est rendu compte rapidement.

« De fermiers, nous sommes devenus des techniciens avec, pour produire, toujours plus de machines sophistiquées, toujours plus de produits à manier « avec précaution » … L’emploi réguliers de pesticides m’interrogeait déjà ; l’arrivée de Damien sur l’exploitation a accéléré ma remise en question ! J’aurais eu très mauvaise conscience de l’entraîner vers ce type d’agriculture. Nous étions en 2010 et, avec son installation en 2011, nous avons stoppé immédiatement l’emploi de désherbants dans les cultures fourragères et de maïs puis, en 2 ans, celui des engrais chimiques ». 

Des paysans acteurs de leurs choix

Le père comme le fils s’engagent alors sur de nouvelles pratiques. « L’autonomie alimentaire pour nos bêtes est une des clés » explique Damien qui avoue que le CIVAM* a été un soutien important pour sécuriser le chemin vers une nouvelle conception de leur métier. « L’exploitation compte 110 hectares dédiés aux pâturages l’été et aux réserves hivernales (foin ou enrubannage). Sur les 25 ha restants, nous cultivons des céréales qui viennent compléter l’alimentation des bêtes. Nous n’achetons à l’extérieur que des semences de maïs et de prairies, en privilégiant au maximum le trèfle car il capte l’azote de l’air. Un véritable engrais naturel complété par le compost, produit sur la ferme, que nous épandons sur les terres ».

Là où, à l’époque d’André et René son père, on soignait les animaux aux antibiotiques, Damien et André Berthomier commencent désormais à utiliser la phytothérapie et l’homéopathie.

« Nos animaux sont le centre de notre métier. C’est pour les nourrir que nous cultivons et c’est pour offrir aux consommateurs une viande de qualité que nous avons fait le choix de monter l’atelier de découpe Mont’Terroir à Adriers ». C’est aussi une façon de contrôler l’ensemble de la chaîne de production, hormis l’abattage qui lui est obligatoirement délégué. « Le boucher de l’atelier de découpe est un professionnel. En voyant une carcasse, il sait comment elle a été nourrie. Et ce savoir-faire là, donne de la valeur ajoutée à nos animaux, tant sur le plan gustatif que pécunier ».

« Les clients eux font le choix d’acheter des produits de qualité, venant de producteurs de proximité qu’ils connaissent ou qu’ils peuvent rencontrer. Nous, agriculteurs, éleveurs, nous ouvrons nos fermes, nous expliquons notre métier, nos inquiétudes comme nos projets.

Comme avec la vente directe via March’Equitable, Le Coin des producteurs à Chauvigny ou La Boutique d’à côté à L’Isle Jourdain, notre métier change et c’est dans le rapport direct que nous y trouvons une satisfaction nouvelle ».

« C’est ce rapport là qui est important, ce lien direct qui nous permet de donner du sens et revenir aux fondamentaux : produire pour nourrir ! En ce qui nous concerne, c’est produire mieux pour nourrir bien ».

C’est aussi en être fier mais ça, André comme Damien ne le diront pas…

*CIVAM : Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural. + d’infos ici.


GAEC de la Fontallerie
Les Fontaines – 86430 Adriers
Tél : 06 70 70 13 30